J'avais commencé à écrire une réponse pour Ahaw et Choukroute, mais David me coupe l'herbe sous le pied. C'est cool d'avoir l'avis d'un pro ! Je demandais si je n'allais pas devoir écrire un mail à Frank Geipel pour avoir son avis sur la question...
David a écrit :
1- les lèvres créent la vibration avec toute sa série d'harmonique : multiples entiers de la fréquence fondamentale
2- le didgeridoo amplifie spécifiquement tout ce gros paquet d'onde selon ces modes propres de vibrations : la fameuse série de poots. Et attention le rapport entre les différents modes n'est pas forcément des multiples entiers ! On appel ça des partiels pour être précis !
Certes, mais les partiels sont des harmoniques de la fréquence fondamentale dans le cas des instruments à vent, non ? L'exemple que j'avais lu je-ne-sais-plus-où est celui de la clarinette, qui en raison de sa perce, ne produit que des harmoniques impaires (1, 3, 5, 7, 9...). Cette suite entrecoupée d'harmoniques étaient considérée comme les "partiels" de la clarinette (le 1er partiel est la 3ème harmonique, le 2ème est la 5ème, etc).
David a écrit :Ce qui fait que sur le spectre harmonique du bourdon on voit apparaître des pic d'impédances supplémentaires à la fréquence des poots : Et c'est ce qui va définir le timbre du didgeridoo. Tout le jeu consiste à savoir ou l'on veut placer ces pics supplémentaires selon que l'on veut que qu'il y ait friction (et un timbre avec beaucoup de caractère) ou de beaux accords harmoniques (et un timbre doux). Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises solutions : ça dépend de ce que l'on veut jouer et comment on veut que sonne !
Et en ce qui me concerne ma question de base, du coup : les hoots sont-ils nécessairement accordés sur des fréquences issues de la suite harmonique de la fondamentale ?
David a écrit :NB : si l'on peut jouer une suite harmonique, juste, avec le corps des alpes ainsi que tous les autres cuivres, c'est parce que la perce est faite pour que ça passe facilement. On pourrait essayer sur n’importe lequel tube cylindro-conique, mais on a plus de chance de n'entendre que des pets foireux !
En fait, si je fais une fixation sur cette histoire d'harmoniques, c'est parce que la gamme issue de la série harmonique est la seule qui soit réellement naturelle et qui ait un "sens", physiquement parlant. C'est pour cette raison qu'on la retrouve dans les gammes non tempérées de toutes les cultures du monde : parce que les instruments tendent naturellement à sortir ce type de gamme, et parce que les gens ont compris empiriquement que c'était la seule gamme juste.
Notre gamme tempérée actuelle, celle correspondant au clavier d'un piano, n'est finalement qu'un pis-aller mathématique (ne correspondant pas à la réalité acoustique) destiné à découper à tout prix l'octave en 12 intervalles égaux.
Donc naïvement, je me dis que si on s'en fie à la physique, un tube creux doit sortir des modes de vibrations correspondant à ces séries harmoniques. Chose qu'on vérifie très bien sur les cuivres naturels (sans trou, piston ou coulisse d'accord) comme le cor des alpes ou
le bucium roumain (qui est pourtant d'une conception plus frustre et moins travaillée que le cor). Ou sur une flûte harmonique. Pourquoi en serait-il autrement du didgeridoo ?..
Ahaw a écrit :[Hors-sujet ON]
Sinon avez-vous une explication rationnelle pour les flûtes dites "harmoniques" ?
Jouent-elles réellement sur les harmoniques, ou plutôt comme je le pense sur les modes de vibration ?
[Hors-sujet OFF]
Pour le coup (mais je vais p'têt encore me planter

), vu le type de son produit et la gamme des notes d'une flûte harmonique (qui suit la série des harmoniques dont je parlais ci-dessus), je pense qu'il s'agit vraiment des harmoniques au sens strict.
Je poursuis un peu dans le hors-sujet mais ça me permettra d'être bien d'accord avec vous : lorsqu'on souffle plus fort dans un instrument à vent, celui passe au registre supérieur (une octave au dessus pour les flûtes à bec ou instruments à anche double, une quinte au dessus pour les instruments à anche simple et perce cylindrique comme les clarinettes). S'agit-t-il d'un autre mode de vibration, ou d'une harmonique ? Ce registre supérieur est comme par hasard aligné sur les harmoniques (octave ou quinte). Coïncidence... ou preuve de la grande conspiration de la physique acoustique ?
