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Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 10:44
par Utnapishtim
Tout a commencé suite à un hors-sujet http://www.francedidgeridoo.com/viewtopic.php?p=232414#p232414 :
Utnapishtim a écrit :
KiD a écrit :Séparation inquiétante de deux aspects indissociables de la musique. Chaque musicien ne recherche-t-il pas un groove, une trance et l'éveil qu'il soit à Katmand'ou Babylone?
Je pense qu'il y a une nette différence entre le groove (qui est une notion purement musicale), la trance et l'éveil spirituel. A titre personnel, je recherche le premier lorsque je joue du didge parce que le groove est indispensable à toute musique, mais pas du tout les deux autres... En fait, je déconnecte complètement le didgeridoo de toute démarche spirituelle.
J'ai pas l'impression que ça soit si inquiétant que cela : la majorité des guitaristes ne cherchent pas non plus à fusionner avec mère nature ou à ouvrir leurs chakras lorsqu'ils grattent des accords sur leur instruments, c'est pas pour autant qu'ils font de la merde ou que leur musique est vide d'âme... :gene:
KiD m'avait alors répondu par MP (que je publie ici avec son accord) :
KiD a écrit :Même s'ils ne le formulent pas ainsi, leur musique les éveille, les fait changer évoluer... sans parler de chemin spirituel, juste un chemin de vie qui, de par des activités artistiques, rythmiques, relaxatoires, mélodiques, se gorge d'expériences (sons, faits, gestes) permettant une vision autre de la réalité.
Evidemment que tout musicien ne recherche pas l'éveil, peu y croit, mais il ne me parait pas impossible que beaucoup y tende... formulé et perçu autrement...

Inquiétant dans le sens où tu fais un clivage là où la continuité est si plaisante :)
Personnellement, je vois le didgeridoo comme un instrument de musique à part entière (ses notes, son timbre, ses voix), j'aime l'associer à d'autres instrus de toutes formes et sonorités, j'exulte de l'emmener au plus loin techniquement (bpm, respi, wooble, beatbox) et je sais pertinemment que le fait de le jouer depuis 7 ans maintenant m'a énormément fait évoluer dans ma vie: confiance en moi, respiration mieux maitrisée, chant juste, compréhension de rythmiques, beatbox...

Que vois-tu dans cet instrument exactement? Depuis combien de temps y insuffles-tu ton âme ;)
... Puis on s'est dit que le sujet valait la peine d'être discuté en public et que vos opinions valaient le coup d'être entendues. :D

En gros : est-ce que vous incluez le didgeridoo dans un sorte de démarche personnelle, voire spirituelle ? Si oui, qu'est-ce qu'il vous apporte ? Et pourquoi le didgeridoo et pas une quelconque autre chose : qu'est-ce que ce tube creux a de spécial ?

Ou à l'inverse, est-ce que vous voyez le didgeridoo comme un simple instrument de musique, destiné comme son nom l'indique, à faire, heu... de la musique et juste cela ? Qu'est-ce que ça vous inspire, l'utilisation "religieuse" ou "développement personnelle" du didge ?

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 11:00
par Mikah
n'étant pas du tout musicien (jamais pris de cours de solfège, jamais rien compris à la composition musicale :pleur4: ), je joue du didgerdioo pour deux raisons: la première est que cet instrument me relie à la terre down under où j'ai eu la chance de vivre un bon moment. quand je joue, je revoie des paysages, des visages et des ambiances vécues là bas!
la deuxième raison, c'est l'échange et le partage: j'ai appris avec les potes de terre mythe et de australian vibes, et quand je joue avec un autre tubo souffleur, et ben je suis content parceque l'on partage la même vibration (un peu comme quand je vais à des séances de méditation en groupe)...
donc pour moi, definitely plus une voie spirituelle, un rapprochement à la nature( bouh ah, sale babos ....), qu'un "simple" instrument de musique...
j'aurais une ptite question aussi: traditionnellement, c'est quoi le didgeridoo?! :happy1:

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 12:12
par tatankas24
le didgeridoo a tout d abord était un coup de cœur"exotique".souffler dans un bout de bois et en sortir un son,wouhaou quelle decouverte pour moi
des annees plus tard apres avoir delaissé cet engouement,paf!! redecouverte et la une revelation :mrgreen:
je ne sais pas si c est ma raison 1ere,mais jouer du didge ne requier pas de savoir en solfege(en tout cas je ne penses pas) ce qui m as amener vers cet instru et au fur et mesure du temps et d ecoute des autres,je ne lache plus
je ne cherche pas la spiritualite ni une entree en transe,juste me sentir bien,me faire plaisir et faire plaisir aux autres en jouant
apprendre quelquechose par soi meme c est gratifiant car le didge s apprend tout seul ou pas loin :/
et puis maintenant c est une veritable passion pour cet instru,car c est un instrument a part entiere,les formes,les sonorites,les couleurs,les essences,les crafteurs,les souffleurs..........sont si différents que cela fait toujours plaisir de rencontrer un souffleur,un son que l on ne connait pas
bref le didge c est ma 2eme femme :gene: :mdr3:

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 12:43
par KiD
KiD a écrit : Que vois-tu dans cet instrument exactement? Depuis combien de temps y insuffles-tu ton âme ;)
@ Utna

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 13:09
par jethro
Salut !

Sujet très intéressant !

Pour ma part je joue de plusieurs instruments différents, principalement à cordes ( guitare, banjo, slide ) mais aussi à vent ( didge, guimbardes, flûtes ... )

Pour moi le didge n'est qu'un instrument de musique parmi tant d'autres, qui me permet comme tous les autres d'exprimer en musique quelque chose de spécifique.

Je pense que la notion de spiritualité ou d'évolution personnelle que certains évoquent est liée tant à l'origine de l'instrument qu'à son aspect brut et naturel, et à la simplicité de son approche - je parle bien d'approche : pas ( ou peu ) de théorie, de gammes, ni de solfège ... la suite de l'apprentissage est ( beaucoup ) plus compliquée comme on le sait tous ici ...

Cette spiritualité associée est donc à mon sens liée à l'exemple des Aborigènes, un des peuples emblématiques d'une vie en symbiose avec la nature, et dont la rencontre avec l' " occident " ( pour simplifier ) a eu les effets désastreux que l'on connait ... Pour les tenants d'un retour aux sources des forces naturelles de notre Mère la Terre ( j'ironise un peu ;) ) le didge est l'instrument parfait !

Cette vision "new-age " de l'instrument me dérange un peu cependant ...

Même si je suis particulièrement sensible aux musiques et aux cultures des peuples dits premiers, et que j'aime tout spécialement les instruments qui y sont associés, je n'ai pas - et n'aurai jamais - le rapport culturel, affectif ou religieux que ces peuples ont développé avec leurs instruments ...

Moi c'est avant tout le son, la simplicité ( pas toujours d'ailleurs ! ) et l'ancienneté de ces instruments qui me fascine, le lien affectif et philosophique que j'ai avec les peuples qui les ont crées est beaucoup plus lié à leurs modes de vie respectueux de leur environnement, qu'à leur musique ...

Pour moi la musique est le propre de l'homme, et n'a donc aucun rapport avec la nature / terre mère / etc, que ledit homme s’ingénie par ailleurs à sacrifier allègrement sur l'autel du profit immédiat ( mais c'est un autre sujet ;) )

La musique n'est à mon sens qu'un moyen de communication, comme un langage dont les notes seraient l'alphabet, et le solfège la grammaire. On peut communiquer avec n'importe qui et n'importe où avec la musique, indépendamment des barrières de langue, de culture, de tradition, de religion ... C'est ça le vrai espéranto !

Du coup je trouve presque dommage d'y associer traditions, religion ou autres sens spirituels, car cela recrée les barrières que la musique avait contribué à estomper ...

Le didge a cependant pour moi un sens particulier, son bourdon se prête particulièrement bien à la méditation, mais là je parle plus de nappes très simples, sans rythme, qui sont pourtant sans grand intérêt musical à mon gout.


Voilà pour mes deux cents ...

:)

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : mar. 29 oct. 2013, 22:05
par Utnapishtim
KiD a écrit : @ Utna
Wé, désolé de ne pas avoir répondu dans la foulée... mais j'ai dû filer au boulot ce matin et j'ai pas eu le temps de finir. :gene:

Donc, KiD, pour répondre à tes questions :

- je fais du didgeridoo depuis un peu moins de 2 ans, maintenant. J'étudie le trad depuis quelques chose comme 9 mois, et depuis que je m'y suis mis, je ne joue quasiment plus du tout « contemporain » (sauf lorsque je suis avec d'autres joueurs et que je fais trop tache avec mes dhirlls :P ).

- comme toi, le didge m'a fait travailler les rythmiques, la justesse du chant, m'a permis d'acquérir des trucs à la con comme la voix de tête ou le frelato... Mais je ne crois pas que ce soit propre au didgeridoo : n'importe quel instrument te fera bosser les rythmes, les accords (guitare/piano)...
Après, pour tout ce qui touche aux trucs un peu personnels comme la confiance en soi, toussa... Pour moi c'est la vie qui fait évoluer, pas le didge lui-même. Tu aurais aussi "grandi' en tant que personne si tu avais pratiqué une autre activité (un sport, du bénévolat dans un association, etc) du moment que celle-ci te fait faire des rencontres et gagner de l'expérience.

- ce que m'apporte le didge : comme Mikah des rencontres (l'une des forces du didge, c'est d'être pratiqué par une petite communauté de passionnés entretenant un esprit de partage), plein de bonnes vibrations qui frottent les oreilles, la découverte d'une culture aborigène passionnante... Pis c'est une saine occupation aussi. J'ai commencé le didge lorsque j'étais au chômage et que je tournais en rond... :mrgreen:

- il n'y a pas grand chose de "spirituel" dans ma pratique du didge, c'est un instrument de musique parmi les autres que je pratique. Ce qui ne veut pas dire que je sois dépourvu de spiritualité, seulement j'ai d'autres moyens que le didge pour explorer ça (j'ai fait du zazen pendant plusieurs années).
Je suis toujours un peu dérangé quand on présente ouvertement le didgeridoo comme un instrument spirituel, de retour ou je ne sais quoi d'autre. J'veux dire, chacun croit en ce qu'il croit et utilise le didgeridoo comme il veut à titre personnel, là n'est pas la question... mais je suis convaincu quand tant qu'on n'aura pas clairement séparé le didgeridoo de tout cet aspect new-age auprès du public, on n'arrivera pas à faire comprendre aux gens que le didgeridoo n'est pas un simple truc de hippies mais un instrument à part entière.
Mikah a écrit :j'aurais une ptite question aussi: traditionnellement, c'est quoi le didgeridoo?!
C'est juste un bourdon un peu travaillé destiné à accompagner le chant et les clapsticks. C'est un peu leur accordéon à eux. :happy1: Et en dehors de quelques instruments remarquables, le didgeridoo n'a rien de sacré chez les aborigènes : quand il est usé et fissuré, on le jette et on en fabrique un autre.

C'est pour cette raison que je trouve assez paradoxal que certaines personnes justifient un usage spirituel du didgeridoo en se référant aux aborigènes...

Pareil, il y aurait beaucoup à dire sur le côté 'symbiose avec la nature' des aborigènes, mais j'ai déjà assez fait de hors-sujet ces derniers jours, ça sera pour une prochaine fois... :hehe:

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : jeu. 31 oct. 2013, 21:47
par KiD
jethro a écrit : Pour moi la musique est le propre de l'homme, et n'a donc aucun rapport avec la nature / terre mère / etc, que ledit homme s’ingénie par ailleurs à sacrifier allègrement sur l'autel du profit immédiat ( mais c'est un autre sujet ;) )
[...]
Du coup je trouve presque dommage d'y associer traditions, religion ou autres sens spirituels, car cela recrée les barrières que la musique avait contribué à estomper ...
Ce n'est pas y associer une spiritualité et encore moins une religion que de s'éveiller par la musique jouée, écoutée, dansée, vécue. L'éveil par la trance chamanique musicale se perpétue encore et les mécanismes neurophysiologiques et sociaux qui les soutendent tendent à se faire connaître (bientôt jasper on pourra mettre "re" devant :] ) (Music and altered states, D. Aldridge J. Fachner). De suberbes travaux récents s'intéressent aux frissons associés aux pics de plaisir musicaux et les décharges de dopamine associés (Salimpoor, Blood, Zatorre) et une jolie revue sur la neurochimie de la musique vient de paraître aussi (Chanda and Levitin 2013). Activement et passivement (quoique pas si passif) la musique est un langage très particulier car elle permet de jouer avec nos mémorisations et nos attentes.
jethro a écrit : Le didge a cependant pour moi un sens particulier, son bourdon se prête particulièrement bien à la méditation, mais là je parle plus de nappes très simples, sans rythme, qui sont pourtant sans grand intérêt musical à mon gout.
Que définis-tu comme "musique"? Est-ce "structure organisée de sons (et silences)"? Est-ce "enchaînement de boucles rythmiques sonores"? de notes? de phrasés? des mantra et lama's chant sont-ils une musique pour toi?
Une nappe à base de E-A-I-O-U en boucle étalés sur 32 temps c'est super musical comme basse si tu cales ce qui saccades dessus ensuite sur 16 et 8 temps... ou pas d'ailleurs, tout dépend de ta définition de musique :mrgreen:
Utnapishtim a écrit : - je fais du didgeridoo depuis un peu moins de 2 ans, maintenant. J'étudie le trad depuis quelques chose comme 9 mois, et depuis que je m'y suis mis, je ne joue quasiment plus du tout « contemporain » (sauf lorsque je suis avec d'autres joueurs et que je fais trop tache avec mes dhirlls :P ).
[...]
Mikah a écrit :j'aurais une ptite question aussi: traditionnellement, c'est quoi le didgeridoo?!
C'est juste un bourdon un peu travaillé destiné à accompagner le chant et les clapsticks. C'est un peu leur accordéon à eux. :happy1: Et en dehors de quelques instruments remarquables, le didgeridoo n'a rien de sacré chez les aborigènes : quand il est usé et fissuré, on le jette et on en fabrique un autre.
C'est pour cette raison que je trouve assez paradoxal que certaines personnes justifient un usage spirituel du didgeridoo en se référant aux aborigènes...
Pwarf c'est quoi cette vision déprimée? Pour moi le didgeridoo trad, c'est une énergie et des phrasés adaptés à une situation, un environnement, reflétant le "temps des rêves" et cette culture orale transmise à travers les générations. C'est un peu comme pour de la gratte jouée en mode "jazz manouche" chez des manouches en fait...
Utnapishtim a écrit : - comme toi, le didge m'a fait travailler les rythmiques, la justesse du chant, m'a permis d'acquérir des trucs à la con comme la voix de tête ou le frelato... Mais je ne crois pas que ce soit propre au didgeridoo : n'importe quel instrument te fera bosser les rythmes, les accords (guitare/piano)...
Bien évidemment, jouer de la gratte te donne un bon coup de poignée et un doigté de dingue (on reste dans le contexte svp). Ici, tout comme les instruments à vent tu fais entrer en jeu tes colonnes d'air internes. Entrés en résonance, les tissus environnant à une colonnes sont stimulés, les muscles respiratoires développés. La respiration est un point primordial de techniques millénaires de partout dans le monde assurant relaxation et méditation.
De plus, la musicalité d'un didgeridoo est folle car sans pareil! La modulation de son y est impressionnante, il est possible d'articuler n'importe quoi dedans. C'est un peu comme si on chantait en faisant de la basse, on fait à fond bosser les aires du langage hémisphères gauche mais ans se prendre la tête avec Sémantique et donc pas de soucis pour la connexion à l'hémisphère droit roi de la tonalité.
Utnapishtim a écrit :Pour moi c'est la vie qui fait évoluer, pas le didge lui-même. Tu aurais aussi "grandi' en tant que personne si tu avais pratiqué une autre activité (un sport, du bénévolat dans un association, etc) du moment que celle-ci te fait faire des rencontres et gagner de l'expérience.
Pas de soucis, je suis d'accord, tant que tu le fais en musique ;)
Utnapishtim a écrit : Pareil, il y aurait beaucoup à dire sur le côté 'symbiose avec la nature' des aborigènes, mais j'ai déjà assez fait de hors-sujet ces derniers jours, ça sera pour une prochaine fois... :hehe:
Cela fait déjà quelques fois que tu ramènes cela à la discussion, il n'en est pas obligatoirement question. Chacun son expérience du didge, ce n'est qu'un frère du soubassophone, cor des alpes, dung-chen, serpent... il n'est que l'outil que le joueur veut mettre d'accord.

Plus que le didge, la musique. :)

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : jeu. 31 oct. 2013, 23:53
par Nikolans
Je répondrais instinctivement oui comme la première fois que j'ai entendu le son d'un didg. Sans explications rationnelles cela m'a attiré ! mais évidemment d'autres peuvent dire pareil avec n'importe quel instrument.
D'abord il y a cette technique propre au didg. OK on peut faire aussi le souffle continu avec d'autre instru à vent mais très peu proposent ce bourdon à la fois monotone, grave et entraînant et le contrôle du souffle permet cette action sur notre organisme dans tous les plans et c'est pas le souffle continu à la trompette qui fait ça !!
Je ne fréquente pas d'autre forum d'instrument mais lorsque je vois la qualité de nombreux post et l'aspect à la fois anthropologique, ethnique et spirituel que prend celui ci je me dis que le didg raisonne bien au delà d'un simple instrument.
C'est comme tout c'est le regard que l'on porte sur quelque chose qui compte : on peut très bien se dire c'est qu'un tube à faire du bruit ou y porter une autre attention plus subtile. On peut s'en servir de rouleau à pâtisserie...ou d'objet sacré que l'on joue dans des occasion spéciales pour célébrer quelque chose...Hitler était végétarien, Gandhi aussi ...pas pour les mêmes raisons...
Utnapishtim a écrit : C'est juste un bourdon un peu travaillé destiné à accompagner le chant et les clapsticks. C'est un peu leur accordéon à eux. :happy1: Et en dehors de quelques instruments remarquables, le didgeridoo n'a rien de sacré chez les aborigènes : quand il est usé et fissuré, on le jette et on en fabrique un autre.

:hehe:
Peut être qu'on a eu tendance à exagérer sur le côté spirituel de l'instru chez les aborigènes mais faut pas pousser quand même...
L'accordéon, on le jette pas !!
Justement si on jette le didg c'est qu'il y a de quoi en refaire...

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : sam. 02 nov. 2013, 11:00
par Utnapishtim
KiD a écrit :L'éveil par la trance chamanique musicale se perpétue encore et les mécanismes neurophysiologiques et sociaux qui les soutendent tendent à se faire connaître (Music and altered states, D. Aldridge J. Fachner). De suberbes travaux récents s'intéressent aux frissons associés aux pics de plaisir musicaux et les décharges de dopamine associés (Salimpoor, Blood, Zatorre) et une jolie revue sur la neurochimie de la musique vient de paraître aussi (Chanda and Levitin 2013).
Je pense que tu mélanges des choses qui n'ont rien à voir... La "transe" (qu'on peut atteindre par différents moyens, la musique n'en est qu'un parmi tant d'autres) n'est pas assimilable à mon sens au plaisir intellectuel ressenti à l'écoute de la musique.
La première met l'auditeur dans une sorte d'état modifié de conscience et repose la plupart du temps sur une musique assez répétitive, souvent essentiellement rythmique. Pour le second l'auditeur reste toujours pleinement conscient et le plaisir sera plus lié aux subtilités rythmiques/mélodiques/harmoniques du morceau.

Je pratique régulièrement le second avec le didgeridoo. Et en particulier avec le style traditionnel : une voix passive bien placée suffit à elle seule pour être parcouru par pleins de bonnes ondes sonores qui font se lever les poils des bras. :P En revanche, le premier ne me parle pas dans le cadre de ma pratique du didgeridoo : j'ai un jeu trop physique ou reposant trop sur les variations pour pouvoir méditer ou trancer en même tant que je souffle !
Utnapishtim a écrit :Pwarf c'est quoi cette vision déprimée? Pour moi le didgeridoo trad, c'est une énergie et des phrasés adaptés à une situation, un environnement, reflétant le "temps des rêves" et cette culture orale transmise à travers les générations. C'est un peu comme pour de la gratte jouée en mode "jazz manouche" chez des manouches en fait...
C'est pas une vision "déprimée" des choses, c'est juste la réalité des aborigènes qui sont très terre à terre dans leurs rapports avec le didgeridoo. Un didgeridoo n'est qu'un bout de bois servant à accompagner chant et clapsticks lors d'une cérémonie (qui elle, pour le coup, a réellement un caractère "spirtuel" très fort). On coupe le bâton dans le bush et on le retravaille un peu ; s'il n'est pas bon ou qu'il se fissure, on le jette et on en coupe un autre.

Pour autant que j'en sache à ce sujet, les didgeridoos traditionnels ayant un caractère sacré sont apparemment assez rares, et ils le sont principalement parce qu'ils ont une histoire ou qu'ils sont associés à un évènement bien particulier. De la même façon par exemple que dans nos sociétés occidentales, une guitare n'est pas sacré mais certains instruments ayant appartenu à de grands joueurs ou ayant été utilisés lors de concerts historiques peuvent être considérés avec une certaine déférence.
Dans le clan Galpu, c'est par exemple le cas des yidakis qui possèdent le "baywara power" :

(le commentaire de Guan en dessous de la vidéo est très instructif)
Utnapishtim a écrit : La respiration est un point primordial de techniques millénaires de partout dans le monde assurant relaxation et méditation.
De plus, la musicalité d'un didgeridoo est folle car sans pareil! La modulation de son y est impressionnante, il est possible d'articuler n'importe quoi dedans. C'est un peu comme si on chantait en faisant de la basse, on fait à fond bosser les aires du langage hémisphères gauche mais ans se prendre la tête avec Sémantique et donc pas de soucis pour la connexion à l'hémisphère droit roi de la tonalité.
Je dis pas le contraire. Le didgeridoo est un instrument unique en son genre par le fait que sous sa forme habituelle (je ne parle pas des évolutions comme les didges à coulisses ou rallonges ou les didges fait pour le multidrone), il est à la fois très limité comparé à un instrument de musique occidentale classique et en même temps extrêmement riche en terme de possibilités techniques. C'est ce qui en fait tout l'intérêt. :)

En ce qui concerne les histoires des hémipshère droit/gauche, s'il y a effectivement une asymétrie dans le traitement de l'information par les deux hémisphères, je crains que tout le reste soit essentiellement de la pseudo-science et la réalité est un peu plus complexe que ça (clic, clic !) (et d'ailleurs, la plupart des neurologues réfutent cette idée depuis un paquet d'années).

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : jeu. 12 déc. 2013, 20:52
par KiD
Cela ne sert à rien d’étiqueter "spirituel" à une pratique, chacun y met ses mots.
Utnapishtim a écrit :Je pense que tu mélanges des choses qui n'ont rien à voir... La "transe" (qu'on peut atteindre par différents moyens, la musique n'en est qu'un parmi tant d'autres) n'est pas assimilable à mon sens au plaisir intellectuel ressenti à l'écoute de la musique.
La première met l'auditeur dans une sorte d'état modifié de conscience et repose la plupart du temps sur une musique assez répétitive, souvent essentiellement rythmique. Pour le second l'auditeur reste toujours pleinement conscient et le plaisir sera plus lié aux subtilités rythmiques/mélodiques/harmoniques du morceau.


Pour moi les deux sont liés: une boucle rythmique peut être musicale, subtile.
Un exemple que j'ai vécu cet été: Ace Ventura et son set de 2h à Ozora :coeur:
- boucles rythmiques infinies
- mélodies
- breaks et sons variés
- plaisir musical énorme (clarté, prévisions)
- Etat modifié de conscience? (je capte + de subtilités musicales après quelques heures passées devant un mur de trance et certaines pensées floues deviennent claires...)

J'aimerai mieux définir cet "état altéré/modifié de conscience", je ne retrouve plus mon bouquin d'Aldridge, vive google!
"Désigne tout état mental différent de l’état d’éveil ordinaire (notre mode de fonctionnement rationnel) : rêves, rêves lucides, états hypnotiques, états sophroniques, états hypnagogiques, états érotiques, rêverie, relaxation, interprétation artistique, intuition, créativité, transe, méditation, relaxation, transe, états mystiques..." (psychologies.com)
En gros, ça va de l'état végétatif (à l'intérieur de soi) jusqu'à l'hyperacuité et son éveil max. Tout état de conscience qui sort de notre routine en fait partie donc évidemment qu'un morceau de Mozart, Noir Désir, Dubravko ou un Lama's Chant peut nous y emmener, le tout est d'en prendre conscience et de se laisser porter.
Utnapishtim a écrit :Je pratique régulièrement le second avec le didgeridoo. Et en particulier avec le style traditionnel : une voix passive bien placée suffit à elle seule pour être parcouru par pleins de bonnes ondes sonores qui font se lever les poils des bras. :P En revanche, le premier ne me parle pas dans le cadre de ma pratique du didgeridoo : j'ai un jeu trop physique ou reposant trop sur les variations pour pouvoir méditer ou trancer en même tant que je souffle !
Oh oui cette voix passive est hallucinante, sur la sous pression, en battement binaural ou non... Enormes frissons :ghee:
Plus tes variations seront automatiques et encrées en toi, plus elles sortiront d'elles-même sans que tu y réfléchisses et plus tu en découvriras d'autres. Les plus grosses transes que je me sois tapées dans mon didge ont été les plus musicales, pour sûr. :)
Utnapishtim a écrit :En ce qui concerne les histoires des hémipshère droit/gauche, s'il y a effectivement une asymétrie dans le traitement de l'information par les deux hémisphères, je crains que tout le reste soit essentiellement de la pseudo-science et la réalité est un peu plus complexe que ça (clic, clic !) (et d'ailleurs, la plupart des neurologues réfutent cette idée depuis un paquet d'années).

J'ai délibérément fait un raccourci, désolé. La perception tonale dans un cerveau occidental (english speaking) est traitée dans l'hémisphère droit, ce qui diffère des mandarins qui ont une activation de l'hémisphère gauche => traitement de l'info musicale dépend de la langue maternelle.
La quasi totalité de mes références sont issues des sciences occidentales et donc créées par et pour des occidentaux.

Le didgeridoo est un instrument simple, l'intention du joueur le rend complexe.

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : ven. 13 déc. 2013, 6:46
par joelewombat
salut
bon alors j'ai survolé vos posts interessants tout ca :)
je rajoute a mon tour ma vision du didg
déja je retrace mon humble parcours: je suis issu de l'enseignement agricole, donc culture associative et didgeridooesque ancrée. Au debut je savait que c'était joué par les aRborigènes d'australie et qu'ils jouaient dans des bambous qui venaient tous d"Anduze, plus tard ma vision c'est un tantinet légèrement changée :mdr3:
Le son me plaisait puis vint le jour ou je du partir en Oz pour des raisons scolaires Et la Tadam gros choc culturel.... énorme choc culturel... non seulement les aRborigène sont devenus des aborigènes, qu'il vivaient dans plain de tribu et que tous ne jouaient pas au didg et ceux qui jouaient c'était dans de l euca termité. Gros choc culturel aussi car j'ai vu la bas comment pouvait etre utilisé le didg par les aborigènes et les non aborigènes et la palette de possibilité qu'il offrait pour un non musicien comme moi. Tombé amoureux de l'australie de son instru et des echange que j'ai eu las bas je m'y suis mis a mon tour. Hors didg, choc culturel aussi las bas...l'absence totale de reconnaissance voir une ignorance totale de la part des australiens occidentaux vis a vis des aborigene, si ils pouvaient leur cracher dessus ou leur rouler dessus il le feraient sans hésiter... (j'étais dans le victoria et dans l'Outback)

Bref le didg est pour moi en premier lieu un instru de musique qui peut etre joué de n'importe quelle manière, mais qui porte en lui une histoire et des valeur fortes. Bien que je n'y attache aucun spirit la dedans, j'accepte et reconnais l'usage spirituel par les gens dont c'est la culture. Il est a mon sens (désolé pour le coté radicaliste), de notre devoir en tant que joueur, quelque soit l'orientation que nous prenons, de respecter cet instrument et de partager ce que nous savons de son histoire et des peuples joueurs ou non qui cotoient cet instrument.

par contre Kid je capte pas un truc sur ta recherche luingustique la... nous les occidentaux on causerait hemisphere droit (partie artistique creative et harmonique du cerveau ou l'inverse je sais plus) et les chinois y causeraient cortex matheux carré et rythmique? bizarre, j'y connais quedal mais logiquement a part une deficience logiquement le cerveau a des cases universelle pour chaque chose non?? éclaire moi merci :)

Re: Le didgeridoo : plus qu'un simple instrument ?..

Publié : ven. 13 déc. 2013, 14:27
par KiD
joelewombat a écrit : Il est a mon sens (désolé pour le coté radicaliste), de notre devoir en tant que joueur, quelque soit l'orientation que nous prenons, de respecter cet instrument et de partager ce que nous savons de son histoire et des peuples joueurs ou non qui cotoient cet instrument.
Belle expérience de vie Joe :) Je suis tout à fait d'accord avec toi, le pourquoi et comment sont primordiaux pour comprendre l'instrument et son environnement, après tout dépend des expériences, de l'histoire de chacun et de ses envies de diffuser ce message.
joelewombat a écrit : par contre Kid je capte pas un truc sur ta recherche luingustique la... nous les occidentaux on causerait hemisphere droit (partie artistique creative et harmonique du cerveau ou l'inverse je sais plus) et les chinois y causeraient cortex matheux carré et rythmique? bizarre, j'y connais quedal mais logiquement a part une deficience logiquement le cerveau a des cases universelle pour chaque chose non?? éclaire moi merci :)
Parler engendre une cascade d'activations cérébrales: mémoire, production de son (appareil phonatoire), feedback (oreille), ...
Ecouter aussi: spatialisation, hauteur du son, timbre, articulations,...
L'article que j'ai mis en lien a cherché à comparer les activités cérébrales d'anglais et de chinois qui écoutent un son. Il en a découlé que pour la perception de la hauteur du son (en enlevant rythmique, articulations,...) les occidentaux ne font appel qu'à l'hémisphère droit. En revanche, les mandarins ont une zone dans l'hémisphère gauche qui est impliquée dans cette perception tonale.

"Cases universelles pour chaque chose"
Suite au formatage (apprentissage) de la vie, des zones de ton cerveau vont se spécialiser dans certaines activités en formant des réseaux avec d'autres zones. Melzack en a sorti le concept de neuromatrix (pool de neurones à la naissance + agencements selon expériences) en 1999. L'expression de cette matrice face à une situation donnée sera unique et propre à chacun: la neurosignature.
Donc pour la perception de son, si tu as appris le mandarin étant petit, tu auras associé hauteur de son et langage (matrice) et donc tes régions impliquées dans le langage permettront la reconnaissance du pitch (signature). (attention: ceci est un raccourci, à titre d'exemple).
Les hémisphères n'ont pas la même asymétrie chez tout le monde, les occidentaux ont été formatés d'une façon donc on retrouve des similarités, de même pour les mandarins, aborigènes, pingouins du cap Pulul, loutres d'Axanutra et joueurs de didge du monde entier.
Chacun sa matrice neuronale, chacun sa vie.

La notion de "cases universelles" est intéressante, disons qu'elles existent tant que l'on est assez modelable pour remettre en cause chaque connexion à chaque instant... loin d'être le cas dans ce monde là :gene: