Ouaip, le jeu traditionnel, ça hérisse le poil des bras et ça donne la chair de poule... Bienvenue dans le monde merveilleux du trad' !
Pour apprendre à faire sonner son didgeridoo comme eux, tu peux passer :
- ou bien par des méthodes :
Hard Tongue Didgeridoo de feu Milkayngu Munungurr (un indispensable que tout amateur de didgeridoo devrait avoir dans sa discothèque, à mon humble avis), ou
Yidaki Balanda Dhukarr de Jeremy Cloake (qui expose des techniques très similaires à celles du jeu traditionnel).
- ou bien par la rencontre avec des passionnés de ce style de jeu, qui pourront t'en montrer les bases. J'imagine qu'il doit bien y en avoir un ou deux sur l'île de France, mais je ne les connais pas... Sinon, je serai régulièrement sur Paris à partir du mois de mars, donc à l'occasion si ça te tente...
Dtrake a écrit :Leurs rythmes sont juste géniaux, teintés d'une certaines liberté puisqu'on retombe sur ses pieds (claves) ^^ !
Oui, tu as mis le doigt sur un truc fondamental en jeu traditionnel (et qu'il m'a fallu quelques temps pour piger, car assez peu de gens en parlent) : le respect du timing, donné habituellement par les claves et le chanteur.
L'une des formes de jeu traditionnel la plus intéressante, le freestyle, est une sorte de grosse improvisation où le souffleur démontre sa capacité à jouer vite, à faire des rythmes syncopés riches et intéressants... le tout en restant dans le rythme, ce qui est loin d'être facile !
Dtrake a écrit :J'ai l'impression qu'ils jouent beaucoup avec les abdominaux et qu'ils compressent en permanence leur colonne d'air, que cette respiration est souvent associée aux joues.
Oui pour ta première remarque : le jeu traditionnel repose beaucoup sur la compression de la colonne d'air, ce qui, associé à certaines façons d'ouvrir la gorge, va permettre de faire chanter le mix [voix passive + bourdon] du didgeridoo.
Non pour la seconde : les joues ne sont jamais utilisées pour la respiration en jeu traditionnel, tout repose sur une respiration passive (respiration -ON dans la méthode de Gauthier) ou une respiration sur rebond de diaphragme (-DON par exemple). On voit parfois certains joueurs accompagner cette respiration d'un gonflement des joues dans le Centre ou l'Ouest de l'Arnhem Land, mais c'est plutôt une façon de donner de l'ampleur ou de la rondeur au son et en aucun cas, les joueurs ne respirent avec les joues.
Dtrake a écrit :Les vocalises graves sont jouées en fonction de la note fondamentale, plus ou moins proche pour souligner le bourdon et qu'elle intervient en fin de syllabe pour accentuer ce dernier.
Les vocalises graves sont accordées en général à la dixième au dessus de la note du bourdon (parfois un peu au dessus en style wangga ou gunborrg, plutôt aux environs de la quinzième). C'est ce qu'on appelle la voix passive, et c'est effectivement un aspect très important du jeu traditionnel, qui va donner ce « grattement » si caractéristique du timbre des didgeridoos aborigènes.
On en avait parlé ici, je te laisse y jeter un œil...
Pour ce qui est du moment où on fait cette vocalise, c'est assez compliqué car cela varie selon le style de jeu, selon les attaques de langue qu'on fait...
Dtrake a écrit :J'ai aussi l'impression que ces jeux sont directement liés aux type d'instruments et que connaître les phrases ne suffiraient pas sans le bon tronc.
On peut tout à fait faire du jeu traditionnel sur des bâtons contemporains... si leur colonne d'air s'y prête. Par exemple, je joue souvent du bunggul (style du Nord-Est de l'Arnhem Land) sur mon DidgElement, qui a une colonne d'air conique et étroite, donc une bonne dynamique de jeu de langue et un accès facile aux toots. Sur un didgeridoo cylindrique, à l'inverse, c'est plutôt le wangga ou le gunborrg (styles du Centre et de l'Est de l'Arnhem Land) qui passent le mieux.
Après, pour se rapprocher du timbre inimitable des aborigènes, c'est certain : mieux vaut un yidaki ou un mago, bref, un instrument de là-bas.
